Grain de sel : allocations familiales, nouvelle gouvernance des hautes écoles...Travail collaboratif... et charge des enseignants... Vacances, j’oublie tout… sauf mes droits !

01/06/2019

En ce début de législature… 
Nous ignorons encore ce que sera le projet du Gouvernement sur l’enseignement.  
Les débats électoraux sur l’enseignement nous ont laissé perplexes… Des réflexions d’une grande qualité submergées par des slogans « émotifs », un peu comme si le sens de l’école, la réussite des élèves, le travail des enseignants et éducateurs n’étaient que des coups échangés lors d’un match de boxe. Constatons que la majorité des politiques tout comme l’opinion pensent que l’école ne peut être en même temps « efficace » et « équitable » et qu’il faut choisir entre les deux… Le résultat est que notre enseignement est ainsi devenu à la fois inefficace et inéquitable ! 
Constatons aussi notre incapacité à nous décentrer de la réalité aveuglante de notre terrain et de pouvoir l’envisager sous un autre angle en nous interrogeant sur les causes réelles des difficultés… « Etre prisonnier du présent » est un des grands drames de l’enseignement ! Enseignement « obligatoire » Il y a pour nous cinq enjeux essentiels et prioritaires à réussir dans cette législature : 1.  Vaincre la pénurie ! Depuis longtemps, nous avons pensé à plusieurs mesures possibles :   Créer un pool d’enseignants expérimentés pouvant effectuer au pied levé les remplacements de moins de 15 semaines.  Cesser les engagements à la période de cours et en lieu et place, engagement de « proximité » de l’enseignant pour un temps plein (ou un mi-temps à la rigueur).  Interdire le bizutage traditionnel inhumain et imbécile qui consiste à confier les classes les plus difficiles aux nouveaux. Les élèves des classes les plus difficiles méritent des enseignants aguerris !  Revoir les échelons barémiques : le salaire en début de carrière est fort bas. Il conviendrait de le faire débuter bien plus haut et de lisser un peu le reste de la carrière (des augmentations triennales au lieu de biennales, par exemple).  Travailler avec les médias pour que l’on parle de l’école de façon positive, au-delà des faits divers et des slogans destructeurs. 
Nous devrons être vigilants sur les évolutions statutaires destinées à garder les nouveaux enseignants ! Il est de plus en plus affirmé par des chercheurs et des associations que la conséquence de la protection des nommés est l’insécurité professionnelle des « nouveaux » et leur découragement. Certains sont mêmes prêts à imposer l’instabilité de carrière à toute la profession dans l’espoir de conserver les « jeunes ». 
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2.  Des places de qualité. Le manque de places est criant dans les agglomérations et celles situées en-dehors ne sont pas toutes, loin de là, de qualité. Il faut rendre les classes et les bâtiments scolaires accueillants, agréables et adaptés à l’enseignement « actif » du XXIe siècle. Sans évoquer l’équipement nécessaire pour le « Tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire », c’est un budget énorme ! Comment celui-ci sera-t-il trouvé ? 3.  Mettre fin à la concurrence entre les écoles née du consumérisme scolaire. Cela fait quelques décennies que l’on est passé du choix d’école pour des raisons philosophiques à un choix consumériste basé, notamment, sur une notion de « bonne » et de « mauvaise » école. Cela provoque une fragmentation de l’enseignement, chaque école tentant de se distinguer par sa pédagogie, ses options « attirantes » dans le secondaire. Cela renforce les inégalités entre les élèves et diminue l’efficacité globale du système scolaire ! 4.  La poursuite dans la cohérence et sans soubresaut du « Pacte pour un Enseignement d'excellence ». Nous savons qu’il y a des nuances entre les partis à ce propos, voire des exclusives. Les résultats du PISA 2018 seront dévoilés en décembre 2019… Chaque communication des résultats d’un PISA fait monter la fièvre dans les médias et chez les politiques. Par le passé, il est arrivé que l’excitation politique fasse table rase de ce qui commençait à fournir des résultats. 5.  Renforcer chez les enseignants et éducateurs la conviction de l’éducabilité de tous les élèves qui leur sont confiés. Aspect difficile et délicat… Sans cette conviction comme socle du travail à réaliser, notre enseignement, quelle que soit la pédagogie déployée, a peu de chance d’atteindre ses objectifs d’efficacité et d’équité. Enseignement « non-obligatoire » Pour nous, un enjeu de taille de la prochaine législature est l’évolution du décret « Paysage ». Après 5 ans de mise en œuvre, il nous semble indispensable de tirer un premier bilan objectif. 
Le décret se donnait des objectifs ambitieux : favoriser les collaborations entre établissements ; réduire la concurrence effrénée ; favoriser la réussite des étudiants par l’aménagement de parcours individualisés afin d’accroitre leur mobilité et la poursuite de leur formation tout au long de la vie. Ces objectifs sont-ils atteints ? Quelles répercussions sur la qualité des formations et les conditions de travail des enseignants ? L’accès à la « diplomation » des étudiants les plus précarisés a-t-il été favorisé ? Les moyens octroyés ont-ils été à la hauteur des ambitions ? 
Pour nous, la démocratisation de l’enseignement supérieur est une revendication essentielle. Elle se doit de garantir l’accès de tous à une formation générale de la plus haute qualité, en elle-même porteuse d’émancipation sociale. Cela passera par une réflexion de tous les acteurs des différents niveaux d’enseignement contribuant à créer des passerelles opérationnelles permettant une transition plus harmonieuse entre l’obligatoire et le supérieur.  
La démocratisation de l’enseignement supérieur passe aussi par le respect du travail du personnel (temps de travail y compris).


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